L'accord...

Contrairement aux autres instruments à cordes, le piano demande que l'accord soit fait par un professionnel. Le claveciniste et le harpiste par exemple accordent leurs instruments eux-mêmes car le nombre peu élevé de cordes ne nécessite pas de technique complexe.


Il y a 220 cordes dans un piano et l'accorder demande des connaissances spécifiques, acquises à la suite d'un long apprentissage. Il faut donc faire appel à un accordeur de pianos, de préférence exerçant son art "à l'oreille" et ayant une solide expérience.

Comme tous les instruments à cordes, le piano a besoin d'un accord régulièrement. L'accordeur de pianos tend les cordes en agissant sur les chevilles au moyen d'une clé d'accord. Il se sert comme point de départ d'un diapason étalonné généralement au La 440 Hertz. A partir de ce La, l'accordeur va ajuster les intervalles (octaves, quartes, quintes, sixtes et tierces) jusqu'à obtenir un bon équilibre.


C'est là que se situe toute la difficulté et en même temps tout l'intérêt de ce travail. L'accordeur de pianos fait appel à son expérience, sa technique et sa concentration car ce sont elles qui donneront toute la finesse du résultat.

C'est en ce sens qu'il est préférable de choisir un accordeur exerçant son art "à l'oreille", sans l'aide d'un accordeur électronique. Ces machines ne sont pas intéressantes en termes de musicalité, elles ne peuvent rivaliser avec une oreille exercée, et de plus, elles font du métier d'accordeur de pianos une routine peu créative...

Cordes de piano 1
Cordes de piano 2

Lorsque votre piano est accordé au La 440 Hertz, chaque corde est soumise à une tension atteignant environ 90 kilos. Multipliée par le nombre de cordes (220), on obtient une tension générale d'environ 18 tonnes..! Le cadre métallique a été inventé au début du siècle dernier pour rigidifier l'ensemble de la structure et aider à la tenue dans le temps de l'accord.

Malgré cela, les saisons qui passent, les variations de chaleur et d'humidité, les transports et même l'impact des marteaux sur les cordes font varier cette tension et votre piano perd petit à petit sa belle justesse qui fait sa musicalité.

Piano droit ou piano à queue, ancien ou récent, il appartient à chacun d'entretenir correctement son instrument en le faisant accorder et réviser régulièrement. C'est le gage d'une bonne qualité sonore et d'un fonctionnement optimal du clavier et de la mécanique.

Disons que, pour bien faire, un piano doit être accordé au moins une fois par an et révisé tous les trois ans. Cela dépend des conditions d'utilisation comme son emplacement, les transports qu'il subit ou encore le jeu du pianiste...

Les marteaux...

Si le son de votre piano vous paraît métallique ou au contraire mou et sans consistance, observez l'état des marteaux.


Si vous voyez des marques d'usure comme sur la photo de droite, il faudra poncer les marteaux.


Il faut poncer le feutre du marteau afin d'enlever la marque des cordes.


Selon l'utilisation et l'âge de votre piano, la marque des cordes peut être très profonde et altère le son de l'instrument. N'ayant plus la forme ni la qualité d'origine, un ponçage est nécessaire pour retrouver une bonne clarté sonore.


Cela implique souvent un démontage des marteaux qui seront poncés un à un.


Après le remontage de la mécanique sur le piano, les marteaux seront positionnés bien en face des cordes.


Le travail d'harmonisation consiste ensuite à obtenir le timbre idéal.


Si le son est trop métallique, il est possible de l'adoucir en piquant le feutre des marteaux à l'aide d'aiguilles à des profondeurs et à des endroits différents.


Si le son est trop mou, il faudra chauffer les marteaux avec un fer spécial.


Si les marteaux sont trop usés, il ne reste plus assez de feutre pour pratiquer un ponçage.


Nous pourrons alors soit remplacer le jeu de têtes de marteaux par un jeu neuf, soit changer uniquement le feutre...

Marteaux Ponçage de marteaux de piano Marteaux de pianos poncés

Les lanières...

Uniquement présentes sur les mécaniques de pianos droits, les lanières aident au retour des marteaux en position de repos. Sur les mécaniques anciennes, les pattes des lanières sont en cuir, le reste en tissu. Ce cuir sèche avec le temps et devient cassant. Il faut alors changer toutes les lanières.


Cela consiste à démonter tous les marteaux en atelier, décoller les vieilles lanières, couper les nouvelles à la bonne longueur et les coller une à une.


Cette réparation concerne surtout les pianos anciens car depuis les années 50 les pattes des lanières sont en matière plastique, ce qui les rend plus résistantes au temps...


Il arrive souvent que des animaux mal intentionnés comme des souris s'introduisent dans les pianos. Les lanières sont souvent leurs cibles, non pas pour les manger mais pour en faire un nid douillet, installé bien à l'abri sous les touches du clavier..!


Il faudra là encore remplacer le jeu complet, après avoir chassé les intrus qui, bien évidement, ont déménagé depuis longtemps...


Lanières 1 Lanières neuves

Le clavier...

Les mises au point les plus courantes concernant le clavier sont les réglages de l'enfoncement, du jeu latéral et de l'alignement des touches.


Si le jeu latéral est très important, il faut remplacer les feutres de balancier par des neufs et les roder avec une pince spéciale pour qu'ils puissent coulisser parfaitement sur les mortaises.


Sur les pianos modernes le placage des touches est en plastique et pratiquement inaltérable. Sur les anciens pianos, l'ivoire était employé pour les touches blanches et l'ébène pour les touches noires. Avec le temps, l'ivoire jaunit. Il faut alors appliquer un produit spécial sur les touches et les passer à la polisseuse. On obtient un clavier ivoire parfaitement blanc et lisse.


Les "mouches" sont des rondelles en feutre (vertes sur la photo ) qui amortissent le mouvement des touches. Elles servent aussi à régler leur enfoncement. Avec le temps, elles sèchent et se durcissent, le clavier devient bruyant. Un jeu de mouches neuves est l'idéal pour retrouver silence et souplesse...


Clavier 1 Mouches d'enfoncement

Les étouffoirs...

Ils sont vissés sur la mécanique et ont pour rôle d'étouffer le son. Les tampons d'étouffoirs  sont en feutre et leur forme est pensée pour s'insérer entre les cordes sur lesquelles ils sont plaqués.


Chaque appui sur une touche soulève son étouffoir, la corde libérée produit la note grâce au marteau. En relâchant la touche, l'étouffoir se plaque contre la corde et étouffe la note. En appuyant sur la pédale de droite ou pédale forte, tous les étouffoirs se soulèvent et les 220 cordes du piano sonnent librement.


Quand les tampons d'étouffoirs sont usés, les cordes continuent de sonner même après le relâchement des touches. Tous les sons se mélangent et c'est la cacophonie..!


Les tampons d'étouffoirs demandent à être changés en même temps que leurs ressorts. Ils auront ainsi un maximum d'efficacité. Après avoir posé un jeu neuf, il restera à vérifier leur bon positionnement par rapport aux cordes, régler leur recul ainsi que la pédale forte.


Etouffoirs 1 Etouffoirs neufs

Les ressorts...

Sur les mécaniques des pianos droits comme sur celles des pianos à queue, les différents ressorts sont nombreux. Ils ont un rôle primordial pour le rappel des pièces comme les marteaux, les étouffoirs ou les bâtons d'échappement. Les mécaniques des pianos droits ont plus de ressorts du fait de la position verticale des pièces en mouvement. Chaque marteau a un ressort de rappel qui lui permet de revenir rapidement en position de repos et d'être ainsi prêt à repartir frapper les cordes.


Relativement fragiles, les ressorts de rappel cassent souvent. Des ressorts usés ou cassés nuisent au fonctionnement de la mécanique et rendent le toucher imprécis. Il faut alors remplacer les ressorts par jeu entier que ce soit les ressorts boudins des bâtons d'échappement, les ressorts de rappel de marteaux ou les ressorts d'étouffoirs


La plupart du temps, le remplacement exige le démontage de la mécanique en atelier. Certains pianos ont des ficelles de rappel fragiles. Elles cassent avec le temps et leur remplacement en atelier s'impose.


Ressorts boudins Ressorts de rappel

Les attrapes et les contre-attrapes...

Une fois que le marteau a frappé la corde, il revient en arrière où il est "attrapé" à mi-course par deux pièces dont c'est la fonction, appelées les attrapes et les contre-attrapes. Le système est différent pour les mécaniques de pianos à queue où c'est le marteau lui-même qui fait office d'attrape.


Pour les pianos droits, il y a frottement entre ces deux pièces. L'attrape est recouverte d'un feutre de haute densité tandis que la contre-attrape est garnie d'une peau en cuir. Cette matière s'use plus vite que le feutre et c'est justement pour jouer ce rôle de fusible que le cuir a été choisi, afin d'éviter l'usure du feutre plus compliqué et plus cher à remplacer.


Il arrive un moment où il faut changer les cuirs de contre-attrapes avant que l'usure ne mette le bois à nu.

Il faut découper les cuirs, les coller précisément et remonter les marteaux. On obtient un jeu de contre-attrapes tout neuf...


Attrapes 1 Cuirs neufs

Les cordes...

Elles sont au nombre de 220 pour 88 notes. Du médium à l'aigu il y a trois cordes par notes, dans le haut grave deux cordes par note et enfin une corde par note dans le grave. En acier à forte teneur en carbone, elles ont un diamètre dégressif, de 1,5 mm dans le grave à 0,8 mm dans l'aigu.


Fortement tendues (environ 90 kilos), il arrive qu'une corde casse mais c'est plutôt rare. Il faudra alors la remplacer par une neuve prise dans un rouleau. Il existe autant de rouleaux que de diamètres de cordes.


Les cordes graves sont faites d'un fil d'acier autour duquel est enroulé un fil de cuivre. Cela permet d'augmenter leur masse, donc d'obtenir un son grave sans avoir trop de longueur. Avec le temps, le filage en cuivre se détend, le son devient sourd. Comme les autres, elles peuvent casser mais leur remplacement est plus compliqué car il n'existe pas de rouleau de cordes graves. Il faut faire appel à un fileur de cordes. Ce spécialiste va la fabriquer à partir de côtes précises. Étant neuve, la corde devra être tendue plusieurs fois avant de tenir l'accord.

Vous trouverez un excellent fileur de cordes ici.


Cordes basses de piano Cordes de piano

Les chevilles...

Au nombre de 220, c'est sur elles que l'accordeur agit pour tendre ou détendre les cordes. Ce ne sont pas des vis car elles n'ont pas de pas de vis. En acier, elles sont plantées en force dans le sommier préalablement percé.


Chaque corde est d'un côté fixée au cadre par une pointe d'accroche, de l'autre enroulée autour de sa cheville.


Extrêmement solide, une cheville ne s'use pas.

Les problèmes d'usure ne viennent donc pas des chevilles elles-mêmes mais des trous dans lesquels elles sont plantées. Au fil des ans, à cause de la tension de 90 kilos qu'ils subissent en permanence et des variations hygrométriques qui déforment le sommier, ces trous s'ovalisent, les chevilles prennent du jeu et le piano ne tient plus l'accord. Il faut pratiquer un rechevillage c'est à dire un remplacement de toutes les chevilles par des neuves d'un calibre supérieur. Après avoir alésé leurs trous avec une mèche d'un plus gros diamètre, les chevilles neuves sont enfoncées au marteau. Un rechevillage ne nécessite pas forcément de remplacer les cordes.


Chevilles de piano 1 Chevilles de pianos 2